L’œuvre de Guillaume Pelloux s’inscrit dans une archéologie du visible. À la manière d’un palimpseste — ces manuscrits anciens grattés et réécrits, où les traces du passé affleurent sous l’encre nouvelle — ses compositions explorent la survivance des formes, la mémoire des matières et la sédimentation du temps.
Utilisant des fragments de papiers anciens, dos de cartes, cartonnages, ou couvertures de livres usés, il révèle l’envers des choses, les silences accumulés, les marques d’une vie antérieure. Rien n’est jamais totalement effacé : pliures, tâches, perforations, ombres ou abrasions deviennent les vecteurs d’un langage discret, non narratif, presque liturgique.
Dans cette approche, chaque œuvre agit comme un espace de relecture. L’artiste y procède par recadrage, décalage, soulèvement ou effacement partiel, laissant affleurer des signes lacunaires, comme autant de vestiges d’un récit suspendu. Le geste artistique s’apparente à une fouille patiente, un acte de recontextualisation sensible où la surface devient lieu de dépôt, de tension et de révélation.
Le palimpseste, ici, n’est pas une métaphore : c’est un principe actif de création. Il structure une esthétique de la trace, du résiduel et du presque rien, ouvrant à une contemplation silencieuse où passé et présent coexistent dans un équilibre fragile.